Salaire moyen agriculteur : quel montant en France ?

7 décembre 2025

39 400 euros. Ce chiffre, précis et sans fard, pose d’emblée le décor : voici le revenu moyen des chefs d’exploitation agricole en France en 2022, d’après la Mutualité sociale agricole. Mais cette statistique, à elle seule, ne raconte rien des vies, des efforts et surtout des écarts qui se cachent derrière la moyenne. Un tiers des agriculteurs doivent composer avec moins de 350 euros par mois, pendant qu’une poignée engrange des revenus bien supérieurs à la norme nationale.

Les disparités sautent aux yeux dès qu’on observe la taille des fermes, la spécialisation choisie, grandes cultures, élevage, vigne, ou simplement le coin de France où l’on pose ses bottes. Les coups de massue du climat, les soubresauts des marchés, l’addition toujours salée des charges : tout concourt à creuser les écarts de rémunération.

Quel est le salaire moyen d’un agriculteur en France aujourd’hui ?

Le salaire moyen agriculteur soulève débats et crispations bien au-delà des chiffres. Selon l’Insee et Agreste, le revenu agricole d’un chef d’exploitation tournait autour de 39 400 euros en 2022, avant impôt. Mais cette donnée brute, calculée avant prélèvements sociaux, ne dévoile qu’une facette du quotidien des agriculteurs. Elle mélange sans distinction le céréalier de la Beauce et le producteur laitier breton, deux mondes à part.Dans la réalité, le revenu disponible des familles agricoles, ce qui reste après impôts et charges, se situe bien en dessous de la moyenne française. La DGFIP et l’Insee l’attestent : près d’un tiers des exploitants n’atteignent même pas 13 000 euros par an, soit à peine le niveau du Smic annuel, parfois moins. Quant à la médiane, elle plafonne autour de 22 400 euros, révélant davantage la réalité du terrain que la moyenne brute.Les écarts se dessinent en fonction du modèle d’exploitation. Voici comment la configuration de chaque ferme pèse sur le revenu :

  • Les grandes cultures se distinguent par des revenus généralement supérieurs, soutenus par la taille des exploitations et un recours massif à la mécanisation.
  • L’élevage bovin ou ovin, avec ses marges faibles et ses prix fluctuants, reste souvent à la peine.
  • La viticulture, quant à elle, offre des revenus très inégaux selon la région et la qualité du millésime.

L’excédent brut d’exploitation, l’indicateur fétiche d’Agreste, varie du simple au double d’une année à l’autre. Les caprices du climat, la variation des prix des matières premières, les décisions politiques : autant de facteurs qui font du revenu courant avant impôt une donnée instable, loin de toute garantie. L’agriculture française, faite d’exploitations aussi diverses que ses paysages, doit composer avec une dure réalité : la plupart des agriculteurs travaillent davantage que la plupart des salariés… pour un revenu souvent inférieur.

Comprendre les écarts de revenus selon les régions et les types d’exploitations

La carte de France agricole n’a rien d’uniforme. Elle se fragmente, s’étire et compose une mosaïque de situations, où la géographie et le modèle économique dictent la paie. En France métropolitaine, le niveau de vie des ménages agricoles peut varier du simple au triple. À l’ouest et au sud-ouest, là où la polyculture et l’élevage dominent, les revenus d’activité sont plus bas que dans les grandes plaines céréalières. Les chiffres le confirment, année après année.

Le type d’exploitation est un autre déterminant lourd. Regardons quelques exemples concrets :

  • Un céréalier de Beauce, grâce à ses grandes surfaces et la mécanisation, affiche souvent un bénéfice agricole au-dessus de la moyenne nationale.
  • L’éleveur bovin du Massif central, lui, doit jongler avec des marges minces, un taux de pauvreté élevé et des prix imprévisibles.
  • Les viticulteurs de Champagne ou de Bourgogne peuvent réaliser de beaux revenus, mais la situation diffère radicalement dans d’autres régions viticoles, où le solde disponible reste modeste.

La structure familiale compte aussi. Beaucoup d’exploitations comptent sur la pluriactivité : un membre du foyer avec un emploi extérieur pour maintenir un revenu disponible correct. Près de 20 % des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, selon Agreste et la DGFIP. D’une région à l’autre, d’une filière à l’autre, chaque territoire agricole compose ses propres équilibres… et ses propres fragilités.

Pourquoi de fortes inégalités persistent dans le monde agricole ?

Les inégalités de revenus agricoles prennent racine dans la structure des filières elles-mêmes. La taille de l’exploitation joue un rôle déterminant : plus le domaine est grand, plus les revenus suivent, tout particulièrement dans les grandes cultures. Les chiffres du recensement Agreste et de l’Insee le montrent année après année. Mais le modèle d’exploitation compte tout autant : polyculture, élevage, maraîchage, vigne… chacun trace sa propre trajectoire de revenu agricole.

Le système de la politique agricole commune et des subventions amplifie parfois ces écarts. Les aides directes, longtemps adossées à la surface, profitent surtout aux exploitations les plus vastes. Un producteur de blé en Beauce reçoit généralement plus qu’un éleveur ovin du Massif central. À cela s’ajoutent les charges d’exploitation : carburant, engrais, respect de normes environnementales ou sanitaires… autant de dépenses qui rognent les marges et élargissent encore les écarts.

La volatilité des marchés, l’inflation récente, la montée des prix agricoles compliquent le tableau. Certains agriculteurs peuvent compléter grâce à des revenus du patrimoine ou à des prestations sociales, mais pour la moitié des ménages fiscaux exploitants, l’activité agricole reste la principale source de revenu. Les données sociales et fiscales (Insee, DGFIP, Cnaf, Cnav, CCMSA) le rappellent : l’écart entre agriculteurs s’explique autant par la structure des aides que par la capacité à encaisser les secousses économiques.

Jeune femme agricole examinant des légumes sur une table

Défis économiques : entre instabilité des revenus et précarité pour de nombreux agriculteurs

Le revenu agricole se révèle éminemment instable, soumis aux caprices des saisons, aux variations des marchés, aux changements de réglementation. Sur le terrain, la précarité s’installe, confirmée par les chiffres du recensement DGFIP-Insee : un quart des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté monétaire. Beaucoup d’entre eux restent suspendus aux fluctuations des prix et à la dépendance aux aides, ce qui accentue l’incertitude sur leur niveau de vie.

Les charges d’exploitation n’en finissent plus de grimper : inflation sur les intrants, multiplication des normes, carburants et engrais dont le coût ne cesse d’augmenter. Pour les plus petites exploitations, la moindre variation de trésorerie peut tout faire basculer. Résultat, une part significative des agriculteurs termine l’année avec un revenu disponible négatif.

Quelques repères chiffrés illustrent cette situation :

  • Près de 18 % des exploitations affichent, selon l’Insee-DGFIP, un revenu courant avant impôt nul ou négatif.
  • Le taux de pauvreté au sein des ménages agricoles dépasse largement la moyenne nationale.

La FNSEA et les syndicats multiplient les alertes, tandis que les assises du Salon de l’agriculture rappellent la fragilité du métier. Malgré les discours d’Emmanuel Macron ou de Nathalie Delame, la réalité s’impose : pour de nombreux agriculteurs, la stabilité financière demeure une perspective lointaine, et la passion du métier se heurte souvent à la dureté des chiffres.

Dans les campagnes françaises, chaque récolte, chaque cycle d’élevage, chaque décision d’investissement engage plus qu’une simple question de chiffres. L’avenir se joue au présent, entre incertitudes, efforts, et la conviction que nourrir la France mérite mieux que des comptes dans le rouge.

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